Ok, le sujet n’est pas neuf, on vous en a même rebattu les
oreilles toute la semaine. Je sens déjà pointer la déception face au manque d’originalité…Et pourtant, je ne résiste pas à la tentation de vous parler du sujet du moment, le fameux dress-code
d’UBS, un document acrobat de 40 pages destiné à réglementer le look des chargés de clientèle de la banque helvétique.
Le dress-code est défini en p8 comme, je cite « une
collection de vêtements destinés à donner à notre personnel une allure professionnelle et stylée tout en mettant en avant leurs compétences et leur personnalité » Au-delà de la faute
d’accord, on verra dès la page suivante, à quel point la personnalité des employés est en effet mise en avant.
Pour les femmes, le dress-code se résume en cinq points :
« un tailleur uni ou tailleur pantalon de couleur anthracite foncé, noir ou bleu foncé, un chemisier blanc, un nicky ou un foulard, une ceinture noire et des chaussures fermées, noires et
classiques », des fois que chez UBS, on soit tenté de venir bosser en tongs. Pour ces messieurs, la fantaisie n’est pas non plus à l’ordre du jour. « costume deux-pièces uni de couleur
anthracite foncé, noir ou bleu foncé, chemise blanche à manches longues, sans boutons de manchettes, cravate, chaussures noires et classiques, et ceinture noire ». On l’aura compris, quand
on travaille chez UBS, il ne vaut pas mieux tomber en panne au bord de la route par une nuit sans lune, le risque est trop grand de ne pas être vu à temps par un poids lourd. Mais peu importe
après tout, il y a beaucoup de professions qui sont astreintes au port d’un uniforme : le treillis pour les militaires, le bikini pour les miss France, pourquoi pas le personnel des agences
bancaires ? Ce qui fait le charme de ce dress-code, et en rend la lecture du document divertissante (pour qui ne travaille pas chez UBS, bien sûr), se décline en trois
points :
D’une part, le ton résolument rétrograde et arriéré qui le
qualifierait pour sortir tout droit d’un pensionnat de jeunes filles au 19ème siècle. On y apprend par exemple que
- « la longueur
idéale de la jupe se situe au milieu du genou et peut descendre jusqu’à cinq centimètres en dessous de genou, mesurés à partir du milieu du genou »,
- « le chemisier ne
doit pas serrer la poitrine ni même bailler, car cela contribue à donner une apparence négligée »,
- « les talons de
plus de 7 cm sont prohibés »,
- « il faut changer
de chaussures une fois par jour. Avec des chaussures « fraîches », vous améliorerez votre performance au travail »,
- les « coloris
acceptés pour les collants et les mi bas sont…(ndb : je vous le donne en mille), gris, noirs ou anthracite ».
Certains passages portent également à la perplexité, comme celui
qui précise que « tout ce qui est contre-nature génère du stress ». L’exemple mis en avant n’est autre que le fait de lisser ses cheveux pour celles qui bouclent
naturellement.
Ensuite, ce monument de permissivité vestimentaire ne se cantonne pas à la tenue, et s’offre de
nombreuses incursions dans le domaine des sous-vêtements, qui doivent impérativement être de couleur chair pour les femmes. Pour les hommes, le port du maillot de corps est fortement recommandé.
On précise par ailleurs qu’ils doivent être fabriqués à partir de tissus de qualité supérieure.
Enfin, les conseils d’hygiène ou pratiques qui agrémentent le document laissent tout bonnement à penser
que les suisses sont des porcs ou des attardés…Morceaux choisis :
- « des mains mal
soignées et un vernis écaillé confèrent une apparence extrêmement négligée,
- « l’ail, l’oignon
et la fumée de cigarette donnent mauvaise haleine », donc « évitez les plats à base d’ail et d’oignon, et usez avec parcimonie de chewing-gums à la chlorophylle
- « les poils du
nez ne doivent pas dépasser »
Je rappelle que le dress-code est obligatoire. Se pose alors une
question pratique…Qui exactement va vérifier qu’il est appliqué à la lettre dans le moindre petit détail ? Va-t-on engager des préposés munis de double décimètres au contrôle de la longueur
des jupes? des auditeurs de la couleur des sous-vêtements? des contrôleurs de mauvaise haleine?
Je veux y
voir en tout cas une lueur d’espoir. Si les banques en sont à claquer de l’argent pour pondre de pareilles inepties, c’est que les risques sont bien sous contrôle. La crise est donc
définitivement derrière nous…