Le XXI ème sera écolo ou ne sera pas…l’oracle ayant hasardé il y a encore 15 ans une telle prédiction aurait
sans nul doute été très inspiré. Il est sidérant de constater comment en quelques années, le débat écologique s’est imposé au centre de toutes les préoccupations : les politiciens de tous
bords s’approprient systématiquement ce thème de campagne très à la mode, les DVD porteurs de belles images retouchées assorties d’un discours alarmiste fleurissent, et les rayons de la FNAC
sont vampirisés par les ouvrages relatifs à cette cause, qui ne laisse pas insensible. Il faut dire qu’il est rare de trouver en un seul package, un thème qui brasse tout à la fois le sujet de la
responsabilité de l’homme par rapport aux générations futures et à son cadre de vie, celui du retard d’industrialisation d’une partie du monde, et celui sous certaines circonstances, d’un
arbitrage parfois douloureux entre, dans un coin du ring, l’écologie, et à l’opposé, l’emploi.
Face à cette sur-occupation du terrain médiatique, on peut certes se demander si
on n’en fait pas un peu trop. Mais cela en soit n’est pas gênant. Le matraquage est à la hauteur des enjeux, qu’il serait irresponsable de sous-estimer…Les glaciers fondent en Arctique, la forêt
recule en Amazonie, il fait 17° à Paris fin novembre. Pas besoin d’avoir un Q.I. de 5000 pour comprendre que ce n’est pas forcément une bonne nouvelle.
Plus perturbante est la dose de culpabilisation, ou d’auto-culpabilisation qui
accompagne trop souvent le mouvement, et l’inscrit dans le cadre d’une pensée unique quelque peu inhibante. Plus moyen de se tromper de couleur de poubelle sans accéder au statut
d’écolo-délinquant. Impossible d’acquérir un bloc de papier non recyclé sans jeter par-dessus son épaule un regard furtif lors du passage en caisse. En revanche, il sera de bon ton de se plaindre
de la la difficulté de trouver un Vélib’ dans Paris ou d’exhiber à la moindre occasion sa carte de fidélité Naturalia. Si vous ne savez pas que Naturalia est une chaîne de magasins bio, vous êtes
définitivement à classer dans la catégories écolo-délinquants précitée.
Il convient d’opposer à cette (auto)-culpabilisation une résistance farouche au moins pour
deux raisons. Tout d’abord, si la situation est grave, la prise de conscience a déjà eu lieu. En témoigne la déferlante d’initiatives individuelles
qui ont vu le jour ces dernières années, telles que le covoiturage, le développement des AMAPs (association pour le maintien d’une agriculture paysanne), le tri sélectif, la pose de panneaux
solaires, etc…On pourrait certes aller beaucoup plus loin. Aller passer ses vacances à un jet de RER en grande banlieue, boycotter les produits issus d’autres départements afin d’éviter qu’ils ne
soient acheminés jusqu’au supermarché à grand renfort de gaz carbonique, arrêter de se chauffer en hiver (en plus, il fait 17°, ça ne sert à rien...), etc…Mais nul ne peut nier en tout cas qu’au
niveau individuel, beaucoup d’efforts sont entrepris qui vont dans la bonne direction. Ensuite, parce que, tout comme l’Europe, l’écologie est l’un des rares concepts enthousiasmants dans le
marasme idéologique de ce début de siècle, et que comme l’Europe, elle ne devrait pas s’imposer par la peur, la mauvaise conscience ou l’instinct grégaire.
Tu sais que tu vis en 2009 quand :
1- Tu as autant de poubelles que de numéros de
téléphone,
2- Tu dois payer les sacs en plastic au supermarché, ou alors ramener la lessive, le sopalin, les packs de lait et les bouteilles d'Evian entre tes mains
jointes,
3- Tu es sommé
de ramener les ampoules au magasins après usage,
4-Il faut mettre une cagoule pour acheter des fraises en plein hiver, tellement c’est la honte,
5- Tu as le choix tous les matins entre prendre une douche qui lave,
ou une qui soit écologiquement
correcte, à savoir hygiéniquement défaillante,
6- Tu attrapes la migraine à force de te demander s’il vaut mieux compresser les bouteilles ou recycler leurs bouchons en plastique, parce que faire les
deux à la fois se révèle très difficile,
7- Sur ton frigo est affiché par un magnet une brochure de la mairie
qui t’explique le fonctionnement basique du tri sélectif.