Oui, comme tout un chacun, il arrive que je me pose des questions métaphysiques, je ne traverse pas forcément l'existence pétrie de certitudes et sertie d'indifférence. Laissez-moi vous livrer mes deux derniers sujets d'interrogation. Peut-être pourrez-vous me tirer de l'abîme de perplexité où ils m'ont plongée.
Il y a quelques jours, j'ai accompagné mes deux plus jeunes neveux assister à un spectacle théâtral pour enfants, le Bossu de Notre Dame. Très divertissant, soit dit en passant. Pour les gamins, naturellement, qui manifestaient avec force cris et rires toute une gamme d'émotion, allant de l'enthousiasme pour la belle Esméralda à l'allégresse face aux tours que joue la bohémienne à l'affreux Frollo, en passant par de bruyants encouragements destinés au pauvre bossu dans l'adversité. Mais les adultes y trouvaient également leur compte grâce à un texte alerte et bourré de clins d'oeil. Bref, une pleine salle de têtes blondes célébrant les personnages de Victor Hugo avec la dernière vigueur. Mais alors que finit par triompher l'amour d'Esméralda et de Phoebus et que Quasimodo retrouve goût à la vie et confiance en l'avenir, j'ai été saisie d'un doute affreux. Que se passera-t-il lorsque, ayant grandi et tourné en adolescents taciturnes ou en adultes stressés, les bambins de la salle liront le pavé de Victor Hugo pour réaliser qu'Esméralda meurt sur le gibet, que Phoebus, qui ne cherchait qu'un plan cul, l'abandonne à son triste sort et que Quasimodo périt dans les caves de Montfaucon? Ce traumatisme générationnel ne risque-t-il pas d'impacter fort négativement les comptes de la sécurité sociale qui n'en avaient déjà pas besoin sous forme d'interminables heures passées à s'épancher sur le divan d'un psy? Quoique, cela suppose d'une part que les psys soient pris en charge par la sécu, et d'autre part, que les gamins lisent le roman, et à moins d'une version très réaliste sous forme de manga ou de jeu sous playstation, les chances qu'ils fassent cette macabre découverte demeurent limitées.
Sinon, vendredi matin, j'entre comme tous les matins dans un RER bondé. A Auber, la place devant moi se libère. Je m'efface évidemment pour laisser passer le passager sortant, lorsqu'une jeune personne en profite pour se jeter sur le siège telle la misère sur le pauvre monde. J'endure généralement en silence ce type d'incivilités, les considérant comme faisant partie du package de la vie parisienne : Dans la colonne des plus, le glacier Bertillon, une soixantaine de pièces de théâtre différentes chaque soir et le soleil couchant sur le pont Alexandre. Dans la colonne des moins, les franciliens de la ligne A. Mais vendredi, allez savoir pourquoi, je n'avais pas envie de rester silencieuse. Je suis donc allée demander à cette personne comment elle voulait que l'on s'organise par rapport à la garde partagée du siège en question. Souhaitait elle l'avoir en journée et me le laisser en soirée? Sur ce, elle me répond sans se démonter qu'étant montée à Bry sur Marne, elle estimait avoir bien gagné le droit de s'asseoir. A n'importe quel prix, j'imagine. d'où ma perplexité... Existe-il une règle secrète de la RATP stipulant que les habitants de Bry sur Marne disposent d'une priorité sur les autres passagers de la ligne? Et si oui, sur quel motif? Les Bryards paieraient ils davantage d'impôts? Résideraient ils près d'une centrale nucléaire? Ma curiosité éveillée, je lui ai naturellement posé la question. On me demanda alors d'un ton exaspéré si je n'avais rien d'autre à faire que de harceler les gens dans le RER. Je répondis distraitement que oui, bien sûr, je n'avais rien de mieux à faire de mes journées, et qu'en plus, lorsqu'ils étaient de Bry sur Marne, c'était alors un véritable festival. Mais je n'obtins pas de réponse satisfaisante à mes questions sur le statut privilégié et par trop méconnu de la ville. Donc si quelqu’un voulait bien éclairer ma lanterne j'apprécierais assez de ne pas mourir idiote...
C'est un secret mieux gardé que la recette du Coca-cola, mais Lance Armstrong aurait avoué à Oprah Winfrey qu'il se serait dopé... Enfin, tout au plus peut on le supposer, l'émission n'ayant pas encore été diffusée. Aussi les supputations vont-elles bon train, malgré les risques pénaux et financiers encourus par le cycliste...
A peine rentrée du ski, j'apprends avec surprise que notre Depardieu national et populaire ne l'est plus tant que cela... Sans porter de jugement, ce n'est pas mon propos, sur sa recherche d'optimisation fiscale et ses propos provocateurs, je me suis plue à imaginer la réponse qu'aurait pu faire à la volée de critiques reçue, l'interprète de Cyrano.
Ah non, c'est un peu court jeune homme,
On pouvait dire... Oh dieu... bien des choses en somme:
Interrogateur:
Vous préférez monsieur, payer l'impôt en roubles,
Plutôt qu'en France, vous acquitter du double?
Emphatique:
Vous faites l'apologie d'un régime sanglant,
Pour ne payer d'impôt qu'un faible 13 pour cent!
Prévenant:
Ce Poutine, dit-on, est vraiment détestable,
Gardez-vous bien surtout de vendre votre âme au diable!
Agressif:
Comment monsieur! Vous trahissez notre pinard,
Pour un verre de vodka et un peu de caviar?
Ironique:
Belgique, Russie... la chasse au passeport,
Risque bien un matin de vous faire perdre le nord!
Admiratif:
On raconte à présent que vous faites des émules,
Et Bardot à son tour, fait sa tête de mule.
N'ayant pas le talent de Rostand, je vais en rester là.
Bonne année tous!
